
Rien.
Rien en cet instant
N’est différent de celui d’avant,
De celui d’hier, ou de ce matin.
Rien.
Rien n’a changé,
Tout a la même apparence,
La même forme, le même contour
Et, pourtant, contrairement
À ce « peu de temps avant »,
Sans raison,
Sans explication,
Malgré cette chape de plomb,
Tu danses, tu chantes,
Pour un rien, pour rien, tu ris.
Tu t’interroges cependant.
« Comment se fait-il que
Je puisse ainsi me sentir légère
Alors que l’orage gronde et que
Des hommes sont en guerre ? »
Je te réponds que seules
L’impression, la réflexion,
Les sensations, les émotions
Vécues dans leur dedans,
Se nourrissent d’inconsistance,
Se meuvent, se forment,
Se transforment, se multiplient,
Se divisent, se déforment,
Se dissolvent dans l’illusoire
Ligne du temps.
Mais, dans la réalité vraie de cet instant,
De ce temps présent, rien ne change,
Rien n’a jamais changé, rien ne changera
Car ce qui est, Est
Et ce qui EST, demeure.
C’est pour cela
Qu’à présent,
En ta maison,
Tu chantes, tu ris,
Tu danses, tu vis,
Et te réjouis !